ner à priori le point précis où ces exigences s’arrêteront ? Et à
supposer même que cette situation regrettable ne doive durer
qu’un laps de temps assez court, elle provoquerait certainement
un remarquable amoindrissement de notre situation dans la
grande famille française, et réagirait indubitablement, longtemps
même après avoir cessé, sur celle de nos frères à l’étranger.
C‘est un résultat de cette nature qu’il faut prévoir de longue main pour le combattre d‘avance : n‘ouvrir les yeux que devant un danger pressant, c’est les ouvrir trop tard. Pour écarter cette menaçante éventualité, il y a deux choses à faire : combattre les empiétements d‘autrui, et nous rendre de plus en plus dignes d’une égalité encore contestée, en d‘autres termes lutter énergiquement contre toute tendance à l‘exclusion de la part des autorités civiles, et continuer, en l‘accélérant, le travail d‘amélioration liturgique, rituelle et cérémonielle, dont l‘accomplissement est aujourd‘hui la vie même du Judaïsme français.
Dans la première de ces deux tâches, nous, qui croyons personnellement n’avoir point failli à la remplir, nous nous proposons de persévérer ici même avec plus de courage que jamais : tant qu’une plume israélite sera libre de signaler les dénis de justice faits à des israélites, la notre s’exercera en ce champ-clos.
Dans la seconde, nos lecteurs savent jusqu’à quel point nous sommes à l‘unisson avec eux : le compte-rendu qu’ils liront plus loin, d’une cérémonie d‘installation à Marseille, sera une preuve, avec bien d’autres, que, sur tous les points du territoire, la même pensée domine les intelligences élevées.
Que nous commande donc à nous, israélîtes, la situation? beaucoup de réserve et d’abnégation, mais la plus complète absence de découragement et de lassitude : nous devons sauvegarder le présent et améliorer l’avenir, défendre notre droit sans nous y lier outre mesure, sans nous en trop défier, traverser enfin une époque de crise avec les sentiments qui soutiennent l’homme dans les crises : la foi en Dieu et la raison, la modération, la fermeté.
Ainsi, quoiqu’il s’agite autour de nous, on verra dans ce Recueil, discuter des questions analogues à celles qui, depuis bientôt treize ans, intéressent ses lecteurs, et nous conserverons cette confiance naïve qui fait attacher du prix et de l’intérét à des pro-