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Dieu, pour qu'elle y reçût son éducation avec les filles de son âge. La Vierge, dit le susdit Évangile, avançant en âge, avançait aussi dans les vertus, et, selon le Psalmiste, ses père et mère l'ayant abandonnée, Dieu l'avait recueillie. Chaque jour elle recevait les visites des nnges, chaque jour elle jouissait de la vision divine qui la gardait de tous les maux et la faisait jouir de tous les biens. Parvenue à l'âge de quatorze ans, elle fut renvoyée à sa maison. Dans ces jours , poursuit l'Évangile, c'est-à-dire dans les premiers temps de son arrivée en Galilée, l'ange Gabriel fut expédié vers elle, pour lui faire part de la conception de Dieu, et pour lui exposer la manière et l'ordre de la conception. Entré chez elle, i! remplit sa chambre à coucher, où elle se trouvait, d'une immense clarté, et, en la saluant gracieusement, lui dit : salut, ô Marie, vierge très-acceptée deDieu (AveMaria,viryoDominogratissima), lui annonça qu'elle était destinée à le porter dans son sein, de quelle manière elle devait le concevoir, etc., etc. (1)

Il est évident que ce récit, porté en Abyssinie dans les premiers siècles de-l'Église, par les apôtres de ce pays, est celui-là même qui a dû servir de point d'appui à la fable des falashas, fable qui avait l'avantage de ne point être en désaccord avec les idées juives, comme celle de l'incarnation de Dieu, puisque la Bible parle plusieurs fois d'anges envoyés par Dieu aux hommes sous forme humaine, et qui ne pouvait être entièrement rejetée par les chrétiens, puisque la base même, celle de l'apparition d'un ange à Marie, pour lui annoncer sa grossesse, était un fait qu'ils ne pouvaient pas refuser, même d'après leurs dogmes.

PHILOXÈNE LUZZATTO.

(La suite à un prochain numéro.)

(1) Voyez Codex apocryphus Veteris Testamenti, collectus a Joh. Alb- Fabricio, Hamburgi, 1719 (édit. 2°), Evangelium de Nativitate Mariæ, § VI, p. 26. et $ IX, p. 33.