Si le pays nommé Azzaf, que nous ne connaissons pas, est si près de l'Euphrate, le fleuve de la Babylonie, ne peut pas être à une journée et demie de Jérusalem; et si Téodros est de la race de David, ses ancêtres ne quittèrent pas Sion ou Jérusalem au temps de Salmanazar, puisque ce roi d'Assyrie ne prit pas cette dernière ville , qui était la capitale du royaume de Juda, mais Samarie, qui était celle du royaume d'Israël, et il mena en captivité Osée, le roi d'Israël, avec d'autres habitants de ce pays.
Il parait que, selon les mêmes savants Falashas, avant le Messie ou Téodros, il doit venir un faux Messie qu'ils appellent Hassaë Messih, contre lequel combattront Hénoch, Élie et Esdras, qui seront tués par lui pour ressusciter plus tard à la venue du vrai Messie; car ils ajoutent, en parlant du Messie et de la résurrection des morts : « Hénoch, Elie et Esdras seront tués par le faux » Messie (Hassaë Messin) et ressusciteront le troisième jour. » L'idée qu'avant le vrai Messie il en doit venir un faux qui cherchera à détruire les justes de ce monde, est commune aussi aux autres juifs, et n'est pas sans quelque fondement dans l'Ancien Testament. Les juifs croient aussi que c'est Élie qui est destiné à préparer les hommes à recevoir dignement le Messie ; Êlie, suivant une tradition, n'est pas mort. Il est bien singulier que les Falashas joignent à Élie Hénoch et Esdras. La mention du dernier est en particulier d'une grande importance pour l'histoire des Falashas, car elle sert à prouver qu'ils n'ont abandonné la Palestine qu'après l'époque de ce savant docteur de la synagogue, qui est regardé par tous les juifs comme le restaurateur de leur religion.
Quant au nom de Téodros, que les Falashas donnent au Messie, c'est le mot grec Τεοδωρος, Théodore, ou don dé Dieu, qui est synonyme des noms hébraïques מתתיה יונתן, עמנואל qui tous signifient Dieu a donné, don de Dieu, etc., et par lequel il est probable que les anciens juifs aient indiqué vulgairement le Messie. Seulement nos Falashas ont traduit le nom hébraïque dans un synonyme grec, ce qui tend à prouver qu'avant d'entrer en Abyssinie ils parlaient la langue grecque, et qu'ils doivent en conséquence être compris dans le nombre des juifs nommés dans l'antiquité