Page:Archives israelites 13.djvu/286

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280 aacmvss _ arriver à une croyance positive; mais si, comme poete, il trouvait dans le Christianisme une source abondante d’inspirations, il res- tait encore assez philosophe pour railler ce qu’il adorait: toute sa vie a été partagée entre ces tendances contradictoires, et cette vie est une double leçon, une leçon pour les intelligences ardentes qui pourraient parcourir le même cycle d‘écarts que la sienne, une · leçon pour ceux d’entre nous qui peuvent, par leur position on par leurs fonctions, exercer une influence quelconque sur le culte et l'éducation de la jeunesse israélite. L’immense talent poétique et la prodigieuse verve de Henri Heine ne doivent donc nous faire illusion, ni sur les torts graves de son caractère et sur les fautes de sa vie , ni sur la tendance blâmable de la plupart de ses ·productions : le fil conducteur a manqué à ce rare esprit, les convictions fortes et sérieuses ont fait défaut à cette brillante intelligence : de là, ses injustices en matière religieuse et ses atteintes directes à la morale : il s'était laissé aller, sans expérience comme sans principes assurés d‘a- vance, à l’enivrante philosophie de la moderne Allemagne, où les lumières de la conscience et les renseignements de l'expé- rience sont sacriliés à la plus audacieuse et à la plus téméraire métaphysique : la, ce n‘est point la réalité intérieure ou sensible qu'on interroge, ce ne sont point les enseignements de l‘histoire et les vérités palpables du sens comm un qu'on prend pour guide ou pour point de départ: non, c’est la raison qu'on interroge exclusivement, c’est la raison qui prétend découvrir dans l’étnde abstraite de ses propres lois, le secret du monde, qui prétend découvrir ou plutot faire et refaire le monde d'après ses propres conceptions. Quand, après s'ètre longtemps bercé de ces reves métaphysi- ques, qui ne sont autre chose que l’apothéose de Pindividuaüté humaine, on se retrouve face à face avec la réalité, avec le mou- vement journalier de la vie et de la société, on retombe de toute ·sa hauteur; on avait cru pouvoir tout expliquer et tout dominer au moyen d‘une formule abstraite, et l’on reçoit à chaque instant des démentie de la réalité outragés : plus le reve a été profond , -'•t plus le désenchantement estcruel, et plus l'on sent le vide et -l’isolsment succéder à cette omnisciencs qa’•a se dattait d’av0ir Digitized ny Google