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Pour donner un exemple du respect que les Falashas portent au samedi, je vais rapporter textuellement un récit tiré de la première lettre de M. d'Abbadie sur les Falashas (1). « Les Falashas » étant tons ouvriers, c'est-à-dire potiers, maçons ou charpen- » tiers, ils cherchent à se faire employer par le roi, ce qui leur » donne droit de porter une chemise avec le titre de badjar- » ound (2). Un vieillard, portant turban, c'est-à-dire revêtu des » fonctions de prêtre, se fit annoncer chez nous comme badjar- » ound Isaac. Il venait vendre un pentateuque (en cthiopique), » pour faire face à la famine, et s'enquérir de l'existence des » Falashas en d'autres pays. Nous lui parlâmes des juifs et de » leur respect pour le pentateuque. — Respectent-ils le sabbat » du samedi? dit Isaac avec impatience. — Sans doute, à tel » point qu'ils ne font pas de cuisine ce jour-là. — Tout n'est » donc pas perdu, et le monde n'est pas si mauvais que je l'avais » dit. Là-dessus badjar-ound Isaac se leva et entonna un hymne » dont le chant n'était pas sans charmes après les aigres psalmo- » dies des dabtara chrétiens (3). « Dieu d'Abraham, dit-il en finis- » sant, je te rends grâce. » Puis il ota son turban à la façon des » chrétiens de Syrie, et se prosterna devant son Pentateuque. »

PhiloxÈne Luzatto. (La suite au prochain numéro.)

(1) Journal des Débats, ibid., 3e p., 5e col.

(2) En Abyssinie, les moiues, les prêtres, les juges et d'antres personnages distingués, ont seuls le droit de porter uue chemise avec on bonnet ou un turban sur la tète ; l'habillement ordinaire des antres hommes n'étant qu'uue ceinture, nn pantalon serré qui leur va jnsque ant genoux, et un vaste manteau dans lequel ils s'enveloppent. (Voy. Sali. Voyage en Abyssinie, Paria 1812, t. 1, p. 241, et Gobai, p. 120.)

(3) Dabtara est, en Abyssinie, le nom vulgaire des chanoiues, dont l'office est de chanter des hymnes sacrées, et qui sont regardés comme descendants des anciens lévites (Ludolf, Hist. JEtiop., 1. III, chap. VII, § XXVIII, et Les.

l'.ll'Hi1<, p. 377) ; mais la signification primitive du mot dablara 'est tenir, pavillon.

Fifth Letter