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M. d'Abbadie (I). Le sacrifice pascal des Falashas consiste dans un agneau d'une année, dont les cornes ont commencé à tourner, qu'on mange debout avec du pain azyme. Les Falashas ceignent leurs toges sur le bas du corps pour le manger, ce qui est un us abyssin pour témoigner le respect, et de cette façon, dit M. d'Abbadie, on ne peut pas faire trois pas de suite sans trébucher.

Le 15 Nesan, avons-nous dit, d'après les Falashas, est un jour saint, à dater duquel on mange du pain azyme jusqu'au 21, c'est- à-dire pendant sept jours (2). On arrache de la congrégation, suivant les Falashas, ceux qui mangent du pain levé pendant les sept jours après Paques (c'est-à-dire après le jour du sacrifice de l'agneau pascal). On devrait les lapider, mais aujourd'hui, comme on n'a pas de roi juif, on se contente d'infliger une pénitence, qui est le don d'une chèvre d'un an (3). Le Pentateuque dit que celui qui mangera du pain levé pendant les sept jours de Pâques, sera rayé de la congrégation d'Israël. On ne sait si, par cette expression. Moïse indique une peine temporelle connue de son temps, ou s'il ne veut menacer que d'une peine céleste, que Dieu seul doit infliger : les rabbins l'ont entendu de la seconde manière ; il semble que les Falashas l'aient entendu de la première, et il ne serait pas impossible que leur explication remontât jusqu'à Néhémias, puisqu'il est naturel que de son temps, où il fallait faire respecter la religion et ses pratiques qui étaient en décadence, il se soit vu obligé d'infliger une peine corporelle, la mort même, pour faire observer la Pâque, et que, lorsque cette rigueur cessa d'être nécessaire, les rabbins postérieurs qui, quoiqu'en disent quelques-uns, n'étaient rien moins que rigoristes et stationnais adoptèrent une autre explication, plus en conformité peut-être avec la loi.

La durée de la Pâque chez les Falashas est, nous avons vu, de sept jours, du 15 au 21 Nesan, comme il est ordonné par la loi (Exode, XII, 18) et comme le font encore aujourd'hui les Karaïtes, les Samaritains et les juifs de Jérusalem ; les autres Rabbanites au contraire la font durer huit jours.

Le nom de la Pâque est, chez les Falashas, Fishi (4); mais, comme ce mot a de la ressemblance avec les mots éthiopiens fisha (gaudium, lætitia), tafasha (gavisus, lætalus est), et tafsiht (gaudium) (5), auxquels se rattache peut-être aussi le פסת hébreu (6), de Fishi on a fait Baala tafsiht, qui est le nom vulgaire

(1) Journal des Débats, 6 juillet 1845, 3e page, 5e col.

(2) Ibid. et 4e rép., p. 7.

(3) Ibid., p. 8.

(4) Réponses, etc. p. 19.

(5) Ludolf, Lex Ethiop., p. 460.

(6) Je m'étonne que le savant Gesenius, dans son Thesaurus linguæ hebrææ, (הערת שוליים נמשכת לעמוד הבא:) etc., ait supposé que les Arabes et les Syriens écrivent le mot פסח l avec Tzadi afin d'y retrouver plus facilement dans leur langue le sens de joie, sans penser aux mots éthiopiens ci-dessus cités, qui tous s'écrivent avec la lettre qui répond à la Sameh, et qui tont supposer que la raciue hébraïque פסח l («tuta) a eu aussi le sens de gaudere, exsuttare, qui pent être dérivé du primitif muter, comme du latin Saltare est venu exsullare.

(I). Journaldet Débats, 6 juillet 1845, 3e p., ô'col.

Le mot qui correspond au פסך hébreu est pourtant, dans les traductions éthiopienues de l'Ancien et du Nouveau Testament, Fasika "|DÏ3 (Oct. Roch., fol. 50, 3« col. ; 51, 2» et 3e col. ; 96, 3= col., à l'Exode, XII, 21, 27, 43, 48 ; Lévit. xxili, 25. Lexique de Ludolf, 1'° édition, col. 467). Le nom hébreu de la Pâques, חג המצות ,féle des Azymes, est rendu par les mots חג נית» Uga nayt, dans l'Exode, Xxxiy, 18 (Oct. Roch. 73, 1 ; Pent. vans., p. 173). ///;/" répond à l'hébreu חג| dont il n'est probablement qu'une altération, car au LéviU, XXIII, 6, il est remplacé par baala, fête, et nayt signifie azyme, (Lud. lex. col. 238).

Dans le dialecte particulier des Falashas, azyme se dit hitta.

(?) Journal des Débats, ibid.