Page:Archives israelites 13.djvu/697

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xsaakztresi 691 · · peu de tout; et alors, à1‘époque des foires, quand les marchands de bœufs israélites, revenant de voyage, avaient besoin de trou- ver sur leur route une cuisine orthodoxe et bon marché à la fois, notre bouffon , laissant là ses gobelets, changeait de domi- cile, se transformait en gargotier et donnait à manger pour la modique somme de 0,50. Trop pauvre pour avoir le personnel qui lui aurait été nécessaire, Leibsche se multipliait et était. à la fois à lui-même son garçon et son cuisinier; de là il arrivait, malgré lui, que l‘ordre et le service en soulfraient quelque peu, et Leibsche, dans sa précipitation à courir de la salle à manger à la cuisine pour voir à sa marmite et réciproquement, était sou- vent sujet à de singulières distractions; il venait de servir à diner à un gros particulier allumé; le nouvel hôte était en train de dévorer son plat de haricots chargés avec au moins autant de hâte et de gloutonnerie qu'en a dû mettre A. Dumas à enfonrcher son beefsteak d’ours dans l’auberge de Berne ; soudain cependant il s’arréte; sa fourchette avait heurté quelque chose de raide.—Au diable soit votre gargote, s`écrie-t-il, en avisant le digne hôte- lier, vous me la baillez belle § vous moquez-vous des gens? tenez! ne voilà-t-il pas que je trouve dans vos légumes, quoi ? des cartes àjouer, xna foi! voyez, le sept de pique. — Leibsche, accouru du fond de l'oftice, écoute avec beaucoup de calme les observations de son hôte irrité; puis, se croisant les bras, penchant la tête en avant: Mon brave homme, répond—i| en appuyant sur chaque syllabe, vous pensez bien qu’avec lgmeilleure volonté du monde je ne puis pas, pour vos 0,50, vous servir l`as d'atout. Peut-on se tirer mieux d'un mauvais pas T Ce trait n‘est que plaisant, mais quelquefois, il faut bien le dire, Leihechs poussait l'esprit jusqu‘à la cruauté. Dans sa rue demeurait un pauvre honteux qui, en hiver, pour ne pas révéler i sa détresse, courait tous les soirs, à la brune, faire sa po- tite provision de bois et emportât, caché sans une méchante blouse, ID cbétif petit fagot. composé de minces baguettesde · hêtre; un noir qn’il revenait furtivement, comme àfordinaire, de fairesa pénible commission , il rencoure Leihsche : neveu- lant pu être vu il court à. toutes ianhes, mais pectantpee annee- vite ponr que Leibscbe, qui, d’ail1eurs, ne soupçonaaitpnw |•·~ Digitized ¤yG©©gl€ ·