Page:Archives israelites 13.djvu/699

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rsntnrrm. 695 Le bcdeau remplit à certains égards, dans les campagnes de l’Alsace habitées par des israélites, les fonctions que remplissent dans les villages du Berry, avec des attributions nécessairement diverses, comme expression d’une civilisation également an- tique mais différente, le chanvreur et le fossoyeur, admirable- ment retracés par la plume d‘une femme de génie si spirituelle- ment naîve dans ses romans champêtres. Préposé à la police du temple, le bedeau est chargé aussi de convoquer les fidèles et de faire en quelque sorte office de cloche. Lejourd’une noce, il est pour ainsi dire le maitre des cérémo- nies; il casse la bouteille après la bénédiction nuptiale et va, au nom des deux familles alliées, faire de maison en maison les invitations officielles; il est de toutes les fêtes et de tous les ban- quets, où on lui réserve une place au bout de la table. Mais il apparaît aussi dans les jours de malheur, et alors son rôle grandit terriblement avec les circonstances; il préside aux funérailles et aux tristes préparatifs de la sépulture, et il accome plit alors, comme j’aurais bientôt peut-être l‘occasion de vous les faire voir, certaines formules usitées de temps immémorial; il est généralement craint et respecté, car il est censé entretenir ‘ commerce avec le Ciel; la mort vient·el|e visiter une famille? le bedeau en est averti au moins trois jours à l'avance; trois jours à l'avance, lui seul a entendu, dansle silence de la nuit, les cris sinistres de la chouette, les hurlements plaintifs des chiens, le craquement mystérieux des meubles'; lui seul aussi a entendu remuer les instruments tumulaires déposés dans sa demeure. Le bedeau est l'h0mme aux visions étranges et aux fâcheuscs aventures; celui-là, par exemple, vous dira comment, quelques heures après la mort du vénérable rabbin Hirsch, il vit une flamme céleste plancr sur le front chauve de l’i|lustre défunt et des caractères cabalistiques se dessiner sur les mnrs. Mais il est une certaine époque de l'année surtout où le bedeau voit et entend des choses qu’il n‘est pas donné à tous de voir et V d’entendre ; c'est en automne, à l'approche des jonrs dits dans le ' rit juif les jours terribles, quand tout le monde prélude par des prières et des actes de devotion s’accomplissant an temple bien

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