Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/191

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indulgence pour répondre ici en public à sa lettre toute privée. Sa science lui permettra d'ailleurs de tirer parti tout le premier dn petit nombre de détails nouveaux qui vont suivre, et sa connaissante des antiquités judaïques lui donnera les moyens d'annoter les notions suivantes, encore un peu contradictoires, des Falasha de l'Abyssinie septentrionale.

Revenu de Muçaww'a à Gondaroù je rentrai le 4 janvier 1848, je résolus d'aller à Hoharua lieu du Séjour d'abba Yshaq (אב יסחק) ; mais mon projet s'étant ébruité, un de mes amis vint me prévenir que des voleurs de grand chemin m'attendaient au passage. Je réfléchis alors qu'arrivant à Hoharua sans y être annoncé, ainsi qu'il était indispensable pour la sûreté de ma route,je pourrais bien ne pas y trouver le père Yshaq; car les soldats en maraude l'obligeaient souvent à s'absenter de chez lui. Je lui envoyai donc le diacre Izra (עזרא) fils du prêtre Zëna (קס זין) pour lui dire que lesFalasha au-delà de Jérusalem (on n'a pas ouï parler d'Europe à Hoharua), m'avaient chargé de lui communiquer une lettre et de lui donner un thater (5 tr. 25 c.), somme qui serait doublée s'il venait me voira Gondar avec quelques autres Mamhiran ממחראן ou professeurs Falasha.

Cinq d'entre eux et plusieurs étudiants accoitipagèrent le P. Yshaq chez moi. A part le matab ou coltrer tle soie blette* que les Falasha ne portcul point, ils étaient mis comme muret comme mon vénérable professeur chrétien Gëtahun qui se serra dans un coin afin d'éviter le contact des Falasha. Ceux-ci mettaient leurs turbans de coton blanc un peu plus mal que nous ; mais ils s'assirent sans difficulté sur les peaux de bœufs que j'avais fait tendre par terre. Je pris place comme eux, les jambes croisées à l'orientale, et après leur avoir souhaité la bienvenue je leur communiquai la lettre de M. Luzzato.

Comme l'idiome Amariiïna (1) n'est pas employé en Abyssi-

(1) Jadis on écrivait אמחרן aujourd'hui on écrit אמארן, car c'est ainsi qu'on prononce ce mol. Ludolf, pour avoir une terminaison latine commode, avait forgé le mot Amharica ; d'où plusieurs voyageur» ont nommé cette langue Amhariquc, en anglais Amharic.