Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/526

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M6 mcntvns telle. Que Dieu ait pitié de nous, s’écria·-t-elle en se tordant lœ mains; quel malheur, ô mon Dieu, quel malheur! Et vous rabbi Mordechai, vous en étes la cause, pourquoi n’avoir pas fait de lumière vous-même ? pourquoi aller chercher ce soldat qui est lâ étendu mort au bas de l’escalier. — Quoi, s’écria rabbi Mordechai, pâlissantd’ell`roi. . ·-- Qu’y a-t-il demanda Paccouchée d’une voix faible. - Rien, mon enfant! rien, Chailé, étouffant sa vive inquié- tude. Ce soldat est tombé surl’esra|ier. Il aura peut·étre trop bu dans la soirée. Je vais voir s’il ne s’est rien fait. - Non, cria la sage·femme, non, rabbi Mordechai,il est mort. ·-- Taisez-vous, folle, s`écria celui-ci en tremblant et il des- cendit précipitamment l’escalier. , Le soldat était étendu inanimé. Tous les soins pour le rappe- ler à la vie furentinfructueux. Le médecin, qu’o n s’empressa de faire venir, déclara que toute peine serait inutile, que le soldat avait été frappé d’une apoplexie foudroyante. Nous n’essaierons pas de peindre l’horrible position de Rabbi llordechai. Un pareil événement dans ce siècle de barbarie était une al`- freuse calamité. Le médecin courut aussitôt avec Rabbi Merde- chai réveiller le Parn ess (chef de la communauté) et lui annonça lacatastrophe. Après de mûres réflexions le Parness fut d’avis que Rabbi Mor- chai se rendit chez le caporal et lui racontât franchement ce qui venait d’arriver. Promeltez-lui une riche récompense s’il vous tire d’embarras, mais hâtez-vous, il n’y a_[·as un moment à perdre. Rabbi Mordechai courut au corps de garde. ll trouva le caporal it la même place où il Vavaitlaissé. Il lui raconta la mort du soldat, puis le saisissant par la main, il lui dit d’une voix entrecoupée de sanglots: Sauvez·moi, sauvez-nous; vous avez eu pitié de moi, et de ma pauvre femme il y a un instant, ayez encore pitié de toute une communauté innocente, menacée des plus graves mal- heurs si vous ne venez à notre secours. Le soldat le regarda pendant quelque temps sans rien lui ré- pondre, mais enfin rompant le silence... Quelle heure est-il? lui deman da-t·—il. — Bientôt minuit. -·- Bien, alors il y a encore moyen. Faites promptementce que je vais vous dire. Mettez à ce malheureux soldat une bouteille de vin da ns la poche, portez·le dans la rue des Carpes et placez·le devant un des nombreux cabarets qui se trouventdans ce quartier. Je me charge du reste. Tinstruirai votre rabbin du résultat. Allez, dépéchez-vous. Rabbi Mordechai et le médecin suivirent ponctuellement le