Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/528

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nauté d’un imminent danger. Je viens vous rassurer sur les suites de ce déplorable événement; il n`y a plus rien à craindre. L’affaire est complétement assoupie, ou pour mieux dire, entièrement oubliée.

Quoi,c’est vousloh lsoyez le bien venu, noble jeune homme; il lui tendit sa main que le soldat porta respectueu sementà ses lèvres, puis continuant: Oui, sans doute, vous nous avez rendu un éminent service. Veuille le Dieu tout—puissant de nos pères vous récompenser dignement de votre noble procédé; nous autres, faibles enfants de la poussière, nous ne le pouvons pas. Permettez-moi cependant, de vous offrir au nom de ma communauté ce faible gage de notre juste reconnaissance.

Et en disant ces mots il tira d`une caisse plusieurs rouleaux d`or et les présenta au soldat.

— Non, Rabbi, je n’accepte pas cet or: distribuez·le entre vos pauvres; mais, si vous pensez me devoir quelque obligation, j’oserai réclamer de vous une faveur plus précieuse pour moi que tout l`ordu monde, une faveur qui seule apaisera peut-être le murmure incessant de ma conscience et adoucira à mon heure dernière l‘amertume d’un crime inexpiable.

— Parlez, mon jeune ami, oh l parlez, et si ce que vous désirez est en mon pouvoir ne craignez point de refus.

— Avant de vous exposer l’objet de ma vive requête, permettez-moi de vous raconter l’histoire de ma vie.

· Je suis le fils de parents israélites riches, la Pologne est ma patrie. Fidèle aux usages de not re pays, et d’ailleurs déjà d’un âge avancé, mon père désira que je me mariasse de bonne heure. Je souscrivis d’autant plus facilement à la volonté paternelle que la jeune fille de dix-sept ans qui m’était destinée réunissait à tous les charmes de la beauté les plus doux et les plus aimables dons de l’esprit et du cœur. Dès la première année de notre union, j’eus le bonheur d’embrasser dans mon fils l`image de sa mère, mon adorée Sarah. Ce charmant enfant resserra encore, s’il était possible, les heureux liens de nos âmes. Plusieurs années se passèrent ainsi pour nous dans une suite continuelle de ces jouissances de famille qui se refusent à toute analyse et qu’il faut avoir goûtées soi-même pour en apprécier dignement la portée. Un jour, mon père reçut une lettre d’Amsterdam scellée d‘un cachet noir. Elle lui apprenait la mort récente de son frère, qui parti de la Pologne dès sa première jeunesse, avait fini par s‘établir à Amsterdam, y avait acquis une fortune considérable et y était décédé sans laisser d’autres héritiers, que sa famille polonaise.

Mon père ne voulut pas, en raison de ses soixante ans déjà sonnés, entreprendre lui-même le long voyage d’Amsterdam et