Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/533

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xsmtxtus. 5% soin de mes affaires, ne vivant que dans la société de Tau er, et ce monstre interceptaitles lettres qui m’arrivaient de la maison. Aprés dix-neuf mois de violents débats, la nation se divisa en deux camps ennemis, et le 14 décembre 1576, le chancelier pro- clama roi de Pologne, l‘empereur Maximilien ll, tandis que soutenu par la haute noblesse et le clergé, le comte Zamoisky plaça la couronne sur le front d’Etienne Bathori , prince de Transylvanie. La guerre civile éclata. Mon village, situé à la frontière du pays, fut deux fois vivement disputé les armes à la main. Les maisons furent la plupart détruites, les habitants emmenés prisonniers de guerre. Au moment de mon retour, le village était demeuré au pouvoir des Autrichiens, et comme ma maison était la seule en- core debout, le commandant en chef d’un corps d’armée autri- chien, Stanislas Jabloniski s’y était installé. Je n’appris ces détails que plus tard; mais, pour le moment je dis pour ma seule justification qu’en entrant dans la maison habitée par Stanislas, je pensais entrer chez moi, et que par ' suite de la même erreur j’avais dû croire que ma femme re- posait dans ce lit, près duquel on m’avait surpris . Mon explication n’obtint aucune confiance, et se rangeant de l’avis d’un vieux capitaine, qui paraissait jouird’une hauteantorité, on se décida à m e livrer au plus proche tribunal autrichien. ' Le lendemain, dès le point du jour, je fus conduit au lieu de ma destination, garrotté comme un vil criminel ; et je n’étais pas arrivé depuis deux heures, que déjà mon arrêt était prononcé. Je fus condamné à mourir du dernier supplice à minuit, heure à la- ' quelle j’avais tenté de commettre l’odieux attentat. J"employai toutela journée, dans mon sombre cachot, à me préparer à l’heure suprême par de ferventes prières; je n’inter— rompais ces exercices de dévotion que pour déplorer, non ma mort prématurée, mais la douleur de mourir loin des miens, et sans savoir ce qu’étaient devenus mon père, ma femme et mon fils. Vers minuit, la porte de mon cachot s’ouvrit, et l’ on me con- duisit dans une longue salle tendue en noir. Sept hommes en robes noires étaient assis autour d’une table. A mon entrée le président se leva et dit : aVous étes condamné à la peine de mort pour tentative d’adultère avec la femme d’un chrétien. Vous n’avez plus que quelques instants à vivre. » Il _frappa sur la table, et trois hommes en vestes rouges entrèrent, le bourreau et ses valets. _ A cette vue, toute ma pieuse résignation m’abandonna, et je tentai un dernier effort en faveur de mon innocence. Je prouvai à mes juges, de la manière la plus évidente, que tout mon crime se réduisait à une erreur bien pardonnable, que jamais je ula-