Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/81

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pauvre fiancée qui se laissa faire avec une pieuse résignation, de s'emparer a qui mieux ntiwx de ses cheveux, de les faire tomber en partie sons le fer des ciseaux, de séparer ensuite ce qui en restait en tresses et de les refouler sans grâce ni merci sous un petit bonnet de satin a les cacher pour tout jamais. La cheveux étant d'ordinaire et chez les israélites surtout un des plus beaux ornements de la femme, et aussi un des ornements les plus séduisants, elle doit dès son entrée dans la vie conjugale en faire le sacrifice à son mari, renoncer ainsi en sa faveur a toute coquetterie et s’é.tct· bénévolement tout moyen de plaire. En vérité, je ne sais pas trop si en cela le but que se propose la loi ut tuujpurs atteint. Car le joli petit bonnet orné de rubans roses et bleus dont on couvre le premier bonnet de satin noir, le bandeau de velours destiné a remplacer les cheveux, tout cela fait souvent ressortir d’une façon trés- piquante les traits de la jeune mariée} Du reste, ce bandeau de velours lui·méme est une infraction à la vieille tradition qui, n’admettant pas même jusqu’a l’ourbre d’une transaction, mettait à la place des cheveux, sans doute encore trop bien représentés de cette manière, une dentelle tombant à cru sur le front. Le dirai—je7 cette nouvelle coiüe, quelquesévère qu’elle fût, avait encore du mal à n’üre pas toute i la faveur de la j eune femme; et je me rappelle avoir vn dans man enfance quelques jeunes mariées ainsi coiffées et a qui cette dentelle tombant sur un beau front blanc donnait un air ravissant d’antique chasteté. De la je tire cette conclusion qui, il me semble, a de quoi chatouiller l’amour-propre de notre beau sexe : quoi que fasse la religion pour tempérer et amortir la native beauté de la femme juive, elle ne saurait en vaincre l'irrésistible éclat.

Telle fût la cérémonie des tresses, et vous comprenez maintenant pourquoi les hommes en sont exclus. Quand je la vis toucher à sa fin, je m'esquivai pour ne point faire crier au scandale, et je descendu dans la cour où on n’attendait plus que la fiancée pour se rendre de la au temple. Elle ne tarda pas d’arriver. Voici a peu près dans quel ordre on se trouvait rangé :

Paris, janv. 1854. AUG. WIDAL.

(La suite au prochain numéro.)