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l’excellent Digbay partir seul et pour toujours à l’extrême fond de l’Angleterre…

N’avais-je pas raison de dire que l’homme est un étrange animal ?


1er juillet.

J’ai la nostalgie de la vraie montagne, de la Suisse sauvage… Je rêve d’un petit village solitaire, où jadis j’ai écrit quelques-unes de mes meilleures pages peut-être. Ce village s’appelait Ballaigues ; on y jouissait d’incomparables couchers de soleil, d’une constante et délicieuse odeur de sapins, d’aperçus fugitifs et charmants sur la chaîne des Alpes Bernoises. Les habitants y étaient très calmes et très polis, d’une honnêteté idéale telle que jamais on ne prenait soin d’y tenir sa porte bien close. Les bois y avaient des solitudes à peine connues, et des sen-