Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/149

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éprouver pour lui la confiance que m’inspirait tante Katie, alors que j’étais encore une little thing. Quand elle tenait ma main dans la sienne, elle m’aurait emmenée n’importe où.

Lilian ne riait plus. On eût dit qu’une flamme brûlait dans son grand œil bleu, dont le regard était devenu singulièrement profond. Et Enid la considérait presque étonnée. Tant de fois ensemble, elles s’étaient amusées de ce qu’Enid appelait « les conquêtes de miss Evans »… Lilian y demeurait si indifférente !… Était-il donc sérieux à ce point, le sentiment qui la dominait aujourd’hui ?

Pensive d’abord, puis peu à peu égayée, Enid reprit, examinant la pointe de son petit soulier verni :

— Lilian, je ne t’ai jamais vue ainsi, ni avec Henry Digbay, qui était charmant, je