Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/21

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au seuil du jardin, à suivre des yeux sa compagne qui s’éloignait, laissant traîner sur le sable les plis de sa longue robe soyeuse, la taille cambrée, les cheveux d’un or roux serrés en une torsade mousseuse sous la paille sombre du chapeau voilé de dentelle.

Alors elle eut un retour vers sa propre beauté, dont, quelques instants plus tôt, elle avait constaté l’éclat dans les hautes glaces du Salon de conversation ; et un léger sourire de satisfaction, à peine esquissé, courut sur ses lèvres : elle se savait capable de soutenir toutes les comparaisons. Puis, suivant au hasard une allée du jardin, elle se mit nonchalamment à marcher droit devant elle, de son allure distinguée et indifférente, sans embarras de sa solitude, en femme habituée, par un veuvage prématuré, à comp-