Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soir à l’hôtel. Maintenant, je vous réclame : venez nous faire un peu de musique.

Quel talent possède donc cette enfant, pour que Mme de Grouville, dont le goût est si difficile, la fasse entendre chez elle, dans son salon, connu pour les remarquables séances musicales qu’elle y donne.

Miss Lilian s’est assise au piano, elle enlève ses longs gants, les jette de côté sur une petite table, et sourit à Henry Digbay, qui les ramasse précieusement, car ils ont glissé à terre. Puis elle se met à chanter…

J’ai entendu de très grandes cantatrices dans ma vie, j’ai admiré des voix splendides, je n’en ai pas écouté qui, plus que celle de cette jeune fille, fût capable de s’emparer des âmes, de les étreindre, de les emporter en plein rêve… Le contralto, qu’elle a très étendu, avec de superbes notes graves,