sablée. Elle grimpait, pareille à un léger tourbillon rose, sans paraître se douter le moins du monde de l’incroyable rudesse du sentier.
Par exemple, derrière elle, à distance, le garçonnet qu’elle avait appelé Corentin trottinait lourdement, buttant de-ci de-là, les joues enflammées, ses robustes jambes de gamin trop gros incapables de lutter avec succès contre les pieds de jeune fée de sa compagne… Une seconde pourtant, elle s’arrêta pour se détourner, et elle aperçut, loin derrière elle, l’infortuné Corentin continuant à se démener pour avancer vite ; puis, plus bas encore, un autre compagnon qui se mettait en devoir de la rattraper. Il allait à grandes enjambées, sautant par-dessus les massifs d’ajoncs, piqué au jeu, sans doute, en apercevant cette vraie petite elfe presque en haut du sentier. Elle était déjà repartie, après avoir jeté au garçon un joyeux : « Impossible de m’atteindre ! » et elle arrivait le nez au vent, ses cheveux à demi dénoués s’envolant autour de son visage sous les rafales, devenues furieuses ; l’une d’elles, même, lui enleva son chapeau sans qu’elle parût s’en douter, et, triomphante, adorablement grisée par l’excitation de la course, elle apparut sur la grande route, juste devant moi. Ses joues étaient pourprées et la peau toute moite sous le frissonnement des petites mèches folles de sa nuque et de son front ; un souffle rapide entr’ouvrait ses lèvres, fraîches à faire rêver des folies, et dans ses grandes prunelles noires dansait une flamme de plaisir dont le reflet avivait l’éclat du visage, d’une irrégularité piquante, gamine et délicieuse.