sœur, et j’entendis vaguement la voix du grand Yves prononcer :
— Arlette, tu ferais mieux d’accepter la proposition de monsieur, car mon père sera tourmenté de savoir que tu as reçu l’orage !
Arlette ! Que vous semble de ce vieux nom appliqué à cette toute jeune créature ?
Probablement, le père de Mlle Arlette était une puissance pour elle, — encore qu’elle eût une bouche volontaire tout à fait significative, car à sa seule évocation, elle vint docilement se ranger à mes côtés. Et de plus belle, nous nous mîmes à courir sur la route, au bas de laquelle on distinguait, enfin ! la bonne ville de Douarnenez, noyée sous ce nouveau déluge.
Près de moi, Mlle Arlette volait silencieusement, son regard vif errant de droite et de gauche, sans d’ailleurs s’arrêter sur ma chétive personne, mais bien, de temps à autre, sur quelques brins de chèvrefeuille, glissés dans sa ceinture, dont le parfum m’arrivait par bouffées. Je la voyais seulement de profil ; une mèche rebelle, toute dorée, retombait bouclée sur sa tempe gauche, balancée par le vent, et à toute minute elle la rejetait en arrière d’un geste impatient.
Les deux garçons galopaient à grandes jambes.
Dans notre course échevelée, je demandai à ma compagne :
— Veuillez me dire, mademoiselle, où je dois vous conduire.
— Nous arrivons… Là !… Dépêchons-nous ; dans une seconde, nous allons être à l’abri !
Se dépêcher devait lui être familier, car elle s’en