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Page:Ardel - Mon cousin Guy.pdf/40

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— J’avais raison, n’est-ce pas ?… Dites-le ! Cela me fait tant de plaisir quand on est de mon avis ! Vous ne trouvez pas cette pièce bien séduisante ?

— Non, pas précisément, ai-je avoué, tandis que mes yeux, qui erraient peu charmés autour dudit salon, trouvaient sur leur passage deux portraits enserrés dans des cadres dignes de tout le mobilier.

Arlette, dont le regard vif avait suivi le mien, m’a glissé d’un ton expressif.

— Mme Morgane et sa fille, ma sœur Blanche. Voulez-vous voir leurs photographies ?

Et avant que j’eusse répondu, elle avait, en tourbillon, traversé le salon et, revenant avec les deux portraits, elle s’arrêtait devant la fenêtre grande ouverte par laquelle nous arrivait la même odeur fraîche de réséda. Alors, au premier regard jeté sur Mme Morgane, j’ai compris pourquoi entre elle et sa mignonne belle-fille les affinités doivent être tout le contraire d’excessives. Les traits du visage étaient assez réguliers, lourdement tracés, mais une ligne dure marquait le dessin des lèvres, comme celui des sourcils, allongés sous un front étroit, — un front têtu, — et des cheveux plantés bas, lissés en bandeaux bien tendus, bien corrects… En résumé, un ensemble vulgaire et une physionomie de femme impérieuse pénétrée de son importance… Sa fille, pour sa part, jouissait, tout en lui ressemblant beaucoup, d’une figure ronde et placide, de deux petits yeux quelconques et d’un buste si majestueux, qu’il me fallut vraiment les assurances réitérées d’Arlette pour être persuadé qu’elle avait seulement quatorze ans, non dix-huit ou vingt