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Page:Ardel - Mon cousin Guy.pdf/44

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— Mon cousin, que désirez-vous entendre ? Du triste, ou du gai ?

— Du triste et du gai !… Tout ce que vous voudrez, car j’aime la musique avec passion et sous toutes ses formes, pourvu qu’elles soient belles !

— Moi, je l’adore ! m’a jeté Arlette disparaissant.

Louise, tu entendras chanter cette fillette et tu reconnaîtras qu’il n’y a pas le moindre « emballement » dans mon fait si je déclare qu’elle est merveilleusement douée. Ce qu’elle chante et la façon dont elle le chante ne ressemblent à rien de ce que nous avons coutume d’ouïr ; ce sont de vieilles poésies bretonnes, des ballades, des rondes, les unes plaintives, les autres d’un entrain endiablé ou encore follement passionnées. Elle les dit comme elle les sent, — et elle les sent très vivement, — leur donnant un accent, un relief, une intensité d’expression qui sont tout bonnement stupéfiants. Elle les chante « à sa façon », selon son mot, n’ayant jamais pris ombre de leçon, d’une voix tout ensemble fraîche et grave que la bonne nature lui a donnée pleine, souple, étonnamment timbrée. Elle les chante avec des accompagnements très simples qu’elle a presque tous imaginés elle même, selon le caractère de la poésie à laquelle ils étaient destinés. Pour certaines ballades, elle a trouvé des accords qui ont des sonorités d’orgue…

Ah ! certes, je comprends que son père demeure les instants et encore des instants, le soir, à l’écouter… Quand elle s’est tue, un instinctif : « Encore ! » m’est monté aux lèvres. Mais elle ne m’a pas entendu. Revenue à la fenêtre, elle me criait gaiement :