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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/161

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le vieux duc tirant son épée, coupa la queue de l’animal et réussit à gagner le bord de la Romanche.

Quand j’étais enfant, nous allions, mes camarades et moi, contempler, avec vénération une touffe d’herbes desséchée se balançant au vent au sommet du mur, et que nous croyions fermement être la queue du cheval.

Le Péage est un village rendu très vivant par une grande usine de tissage de sole occupant plus d’un millier d’ouvrières. En face, dans un très beau site, Saint-Pierre-de-Mésage domine le confluent du ruisseau de Laffrey et du grand torrent.

On entre, plus loin, dans les gorges de la Romanche, aussitôt très étroites et profondes ; la rivière est fort rapide et abondante ; à peine laisse-t-elle place à la route, taillée parfois dans le flanc de la montagne, mais, çà et là, de petites terrasses sont couvertes de cultures. Les montagnes tombent sur la Romanche sous forme de hautes falaises vertes et boisées, laissant apercevoir parfois la cime neigeuse des monts. Un instant, la gorge s’élargit en un bassin qui serait riant grâce à ses belles eaux, à ses prairies et à ses hameaux, si les montagnes n’étaient si hautes et ne semblaient écraser le paysage. Sur la rive gauche, un gros torrent accourt, celui de la Morte, descendu de