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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/180

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route du Lautaret est parcourue par un service de voitures d’excursions qui rend facile un tel voyage.

Cette route commence d’une façon héroïque. Jadis, elle suivait les flancs d’une montagne d’ardoise qui s’éboulait sans cesse. On a abandonné ce passage périlleux. À la sortie même du bourg, un premier tunnel abrite des éboulis et va s’ouvrir sur le torrent de Morian dont on franchit les eaux grises sur un pont très élevé. Presque aussitôt après, un nouveau tunnel, long de 700 mètres, éclairé par de nombreuses lampes, troue un autre éperon schisteux, complètement dénudé et d’un aspect sinistre. Au delà du tunnel, apparaît soudain, sur une terrasse dominant la Romanche, ici très limpide, le village de Villard-d’Arène, bâti à 1,651 mètres d’altitude. De maigres champs de seigle et de belles prairies l’entourent.

Le tunnel est très frais ; aussi les habitants ont-ils imaginé d’en faire une véritable cave pour leurs beurres et leurs fromages. Le soir, on y dépose ces produits ; au milieu de la nuit, la voiture qui fait le service du courrier les prend et les transporte à Briançon, chez les marchands. Au retour, le conducteur de la voilure rapporte le prix de la vente aux cultivateurs.

Voilà un procédé commercial bien primitif mais bien commode aussi !