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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/215

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Je n’étais pas seul « gratineur ». D’autres touristes m’ont imité, des Lyonnais et des Parisiens. Ces derniers se sont extasiés sur ce plat. C’est qu’on n’en mange guère à Paris. Les Dauphinois de là-bas ont cependant voulu l’acclimater. Ils ont mis leur dîner fraternel sous le nom respecté du Gratin. Le Gratin dauphinois tient ses assises au Palais-Royal, il a eu comme président tout ce que Paris compte de Dauphinois ayant « percé ». Il posséda Alphand, le général Février, Bouvard, l’architecte ; c’est aujourd’hui Louis Gallet, le librettiste. Pour mon compte, je ne suis pas médiocrement fier de mon titre de vice-président du Gratin.

J’entends d’ici demander la recette de ce plat fameux. Je ne saurais mieux faire que l’emprunter à un de nos gratineurs de Paris, Maurice Champavier, qui a condensé le précepte en un sonnet :

Un gratin cuit à point est le régal suprême ; En pays dauphinois c’est un plat vénéré, L’aliment familial si souvent savouré, Mets d’été, mets d’hiver et même de carême !

La recette est facile et simple en est le thème : Dans un plat peu profond, coupez, à votre gré, Quelques pommes de terre, et puis, sans rien d’outré, Ajoutez œufs, sel, ail, beurre et lait riche en crème.