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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/295

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joint les bords du Jabron et se dirige vers une petite ville curieusement groupée sur une colline placée en avant de la plaine comme une avancée des monts. C’est Châteauneuf de-Mazenc, encore un bourg double. Le château qui lui a donné naissance fut un des plus puissants de la Valdaine, le plus important sans doute, car il commande le défilé par lequel le Jabron déboucha dans la plaine. De ce château fameux dans l’histoire du Dauphiné par la captivité de l’évêque de Valence, du prince d’Orange et du comte de Valentinois, les trois plus grands personnages de la contrée mis à rançon par les Armagnacs à la fin du XIVe siècle, il ne reste plus que d’informes débris épais dans un bois de sapins. Au-dessous de ces ruines s’est édifié le château de Vissac dont les tours ont été décapitées.

Châteauneuf reste endormi sur sa colline, la vie s’est portée au-dessous, à la jonction des routes de Nyons à Crest et de Montélimar à Dieulefit. C’est un quartier très vivant, appelé la Bégude comme tant d’autres hameaux du Sud-Est nés sur les grands chemins. La Bégude est en fête, c’est le jour de la première communion, les enfants descendent de l’église, les fillettes vêtues de blanc, les garçonnets singulièrement coiffés d’une sorte de couronne verte d’une forme indescriptible.