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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/328

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Pont-en-Royans par la route désormais fameuse des Goulets.

Le problème était difficile à résoudre. La Vernaison descend du Vercors par une fissure étroite, longue de 10 kilomètres et dans laquelle elle fait une chute totale de 400 mètres. À l’entrée et à la sortie, elle est enserrée entre d’immenses rochers à pic où il a fallu suspendre les ouvriers à des cordes pour entailler la pierre, ce n’est qu’au prix de formidables travaux qu’on a pu frayer le passage.

Aussitôt les Baraques dépassées, les clairs horizons du Vercors font place à l’abîme. Par des tunnels, des galeries, des encorbellements, on entre dans le couloir formé par la montagne de l’Allier et les rochers d’Échevis. La fissure est si étroite qu’à peine distingue-t-on le ciel, mince bande d’azur souvent masquée par les broussailles accrochées aux aspérités de la falaise. Un grand murmure monte dans la gorge, c’est la Vernaison qui se brise dans les rochers et forme d’admirables cascades. La plus grande de ces chutes, haute de 80 mètres, est une sorte d’escalier fait de roches moussues entre lesquelles passent les eaux écume uses. À chaque instant un tunnel masque la vue, puis on se retrouve accroché au flanc de la montagne et de nouveau