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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/353

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La gorge est encore grandiose au pont de la Goule noire où, d’une cavité profonde, sort une source puissante ; elle semble close par un éperon de la montagne dans lequel on pénètre par un tunnel et, soudain, on voit s’ouvrir un bassin asses ample au fond duquel sont les maisons cossues du grand et beau hameau des Balmes-de-Rencurel. Le fond du bassin est très vert, les prairies sont superbes ; tout autour se dressent, d’un jet, de formidables escarpements. Au sud c’est le Vercors vers lequel monte une belle route, au nord c’est une longue crête couverte jusqu’à la cime de noires forêts de sapins. Sur les pentes les hameaux sont nombreux, les maisons sont vastes, car elles abritent des troupeaux de chèvres ayant parfois jusqu’à 20 ou 26 têtes, et d’autre bétail. Les chèvres produisent du fromage dit de Saint-Marcellin, que viennent chercher des marchands de cette ville et de Vinay.

Le chemin du Pas-de-l’Échelle monte à Rencurel par de grands lacets. Hélas, la neige se fait plus abondante ; quand nous atteignons Rencurel, village que son église neuve et de belles maisons révèlent prospère, il devient évident que jamais la voiture ne pourra atteindre le col. Mon conducteur est heureusement un brave et honnête homme, il s’est engagé à me conduire au col, il le fera ; il