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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/356

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minutes j’atteins un pont jeté sur la Drévenne et portant une route forestière. On est au fond d’une coupure profonde pratiquée par le torrent dans la haute chaîne du Bas-Graisivaudan. Le chemin y pénètre en se frayant passage par des encorbellements creusés au flanc d’un abîme grandiose d’où monte le bruit d’une cascade. La Drévenne tombe ici d’une hauteur de 150 mètres. Du parapet de la route on domine le gigantesque abîme. Ce défilé est le Pas-de-l’Échelle, jadis terrible, aujourd’hui facile.

La route, étroite, est continuellement creusée au flanc de ce rocher à pic, haut de plus de 200 mètres. Pendant un kilomètre ce ne sont que galeries, tunnels, encorbellements. Le vent a chassé la neige et l’a amassée ; ce n’est pas sans un certain frisson, en me tenant contre le rocher, que je passe là, il semble que la neige va se former en avalanche et m’entraîner.

À l’issue d’un des tunnels on a une éblouissante vision. À plus de 500 mètres de profondeur apparaît tout à coup la vallée de l’Isère, verte, fleurie, remplie de noyers et de mûriers ; au delà se dressent, vertes aussi ; les hantes collines de la Côte Saint-André. Dans les arbres, par les champs, par les prés, des hameaux, des villages, des bourgs, de petites villes aux toits rouges semblent