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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/77

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douzaine de paires ; dans le paquet est le fil nécessaire pour la couture et les indications qui permettront aux piqueuses d’accomplir leur tâche.

Chaque village possède un contremaître ou, si l’on préfère, un commissionnaire qui centralise les peaux à distribuer ou les gants à recevoir. Les environs de Grenoble, le massif de la Chartreuse surtout, sont le centre de cette aimable industrie, mais les montagnes du Villard-de-Lans et de l’Oisans, la vallée d’Allevard et la Mateysine, la région de Mens et, dans le Graisivaudan, le Touvet et Chapareillan, enfin, Crémieu, si à l’écart dans son isle, sont également de grands centres pour la couture. Malgré l’intervention des machines, les campagnes du Dauphiné ne cessent pas de voir augmenter le nombre des ouvrières.

En remontant la vallée de Saint-Hugues, si franchement pastorale avec ses vastes pâturages et ses bouquets de sapins, couronnée plus haut par la noire futaie et les à-pics du Charmant-Som, nous avons rencontré, marchant du pas mesuré et sûr des montagnardes, une femme portant un paquet. Ce sont des gants à coudre qu’elle va distribuer ainsi de hameau en hameau, où elle prend les gants cousus. Ce doit être un pénible métier : nombreux sont les groupes de maisons éloignés dans les alpages, perdus dans les bois,