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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/79

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taves, domine de haut la route. La forêt commence alors, superbe dans son silence ; la colonnade des sapins, le sous-bois plein d’airelles et de fleurs se prolongent jusqu’aux abords du col. Au-dessus, se dresse l’énorme pyramide de Chamechaude aux puissantes falaises. Ce point culminant (2,087 mètres) du massif de la Grande-Chartreuse est une des plus étranges formations de ce système montagneux aux formes extraordinaires. Brusquement jaillissent, au-dessus d’une immense croupe boisée, les puissantes assises, semblables à quelque forteresse de géant. Jusqu’au col on a ainsi, sur sa tête, la formidable silhouette rocheuse ; elle plane au-dessus de l’étroit espace gazonné d’où les eaux, suivant des pentes opposées, vent, d’un côté, au Rhône, de l’autre, à l’Isère. Le col s’ouvre comme un couloir à l’extrémité. La route, toujours en vue de Chamechaude, puis, pénétrant de nouveau dans la forêt, monte un instant pour gagner le col de Palaquit et descendre rapidement dans le verdoyant bassin du Sappey, rempli de hameaux blancs épars dans les verts pâturages. La crête régulière du mont Eynard, terminée par sa puissante citadelle, ferme, à l’est, la riante vallée. Partout, sur la route, dans les maisons, les actives machines travaillent à la couture des gants.