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LE LIEUTENANT MARQUISET.

par le colonel de petites expéditions dans lesquelles il fit montre de réelles qualités de commandement.

Le maniement d’une troupe composée comme nous l’avons Indiqué plus haut, n’était certes point chose facile : devant ces francs-tireurs à l’intelligence cultivée, avides de connaître le pourquoi de chaque manœuvre ou opération, il ne fallait pas commettre une faute. À ces hommes habitués pour la plupart à tout le confortable que donne la fortune, on pouvait demander tous les sacrifices, mais il ne fallait pas imposer des souffrances ou des privations inutiles.

Gaston Marquiset, antérieurement déjà l’ami de presque tous, était bien le chef capable de les commander. Sous le rapport de l’éducation, de l’intelligence, du savoir, de la noblesse des idées et du caractère, il était au moins l’égal des plus distingués.

Bien qu’il eût renoncé à la carrière militaire, il avait continué depuis l’époque lointaine de son admission à l’École, à étudier les choses de la guerre parallèlement avec tous les progrès des sciences : au mois de septembre 1870 il se trouva le seul dans toute la ville d’Épinal qui connut la dynamite. Ce fut lui qui procura les premiers 500 kilogr. aux officiers du génie, chargés de la défense des Vosges, et ce fut lui aussi, soit dit en passant, qui paya de ses deniers, après la guerre, ce premier approvisionnement dont la livraison n’avait pas été constatée par des pièces comptables réglementaires.

Pendant toute la durée de la campagne, personne ne s’est plus prodigué que lui, personne ne s’est plus entièrement consacré aux besoins de ses inférieurs ; non content d’abandonner sa solde aux hommes nécessiteux de sa compagnie, il y ajoutait encore largement de ses ressources particulières.

Aussi parmi les francs-tireurs de la Haute-Saône n’en était-il aucun qui pût s’étonner d’être le subordonné de Gaston Marquiset, bien plus qui ne fût heureux de l’avoir pour chef. Merveilleux tireur, marcheur infatigable, d’un courage et d’un sang-froid admirables pendant le combat, il était partout le premier parmi les meilleurs.

Que de fois, sous un feu des plus vifs, on l’a vu changer une aiguille cassée et n’avoir cure de s’abriter. Avec le chassepot,