Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/133

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Le plateau des Saisies est un de ces alpages, il est ondulé et se confond presque avec le col humide et tourbeux situé à 1,650 mètres d’altitude sud. Le spectacle présenté par ce versant est d’une inexprimable tristesse. De vastes pelouses tapissent une cuvette où, partout, sourdent des eaux. Pas un arbre, pas un buisson, mais, en grand nombre, les chalets sordides, misérablement meublés, aux foyers fumeux, habités en cette saison par les propriétaires de bétail et autour desquels vaguent des porcs et des chiens. Ce sont les chalets des Fruniers et de Bisanne. Nos mulets enfoncent à mi-jambe dans les chemins fangeux ; à chaque instant nous craignions d’être jetés à bas, aussi est-ce avec joie que nous arrivons au point convenu, le hameau des Prés, où nous pouvons nous priver des services de notre guide.

Pourtant le crépuscule vient. Mais, sur la carte, il n’y a pas trois kilomètres à vol d’oiseau pour gagner la route de Beaufort et l’on descend toujours. Un habitant des Prés nous explique qu’il faut aller traverser la forêt où le chemin est facile à reconnaître. Nous partons d’un bon pas, voici la forêt de sapins, elle couvre des pentes abruptes ; entre les roches se tord le sentier, subdivisé bientôt en plusieurs rameaux. Dame, il y eut un