Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/171

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bent, abondants et bruyants ; ceux-là viennent de la grande Sassière, dont les glaciers, à demi italiens, invisibles pour nous, alimentent le nant Cruet.

Les glaciers du Pourri disparaissent à hauteur des Brévières, misérable hameau bâti au bord de l’Isère dont le lit est maintenant au niveau de la route ; ils font place à d’âpres montagnes servant de piédestal au grand massif glaciaire de la Vanoise. Vers le sud-est, par l’ouverture de la vallée de l’Isère, d’autres glaciers, d’autres champs de neige semblent barrer l’horizon. C’est la puissante chaîne de l’Iseran, qui nous sépare de la haute Maurienne.

Les alentours de Brévières sont tristes et nus. Un moment on traverse un ancien lit de l’Isère, devenu le guet cristallin, puis on pénètre dans une nouvelle gorge, celle des Bossières, où la route est tracée au flanc de la roche ; au-dessous, le torrent roule à grand fracas des eaux blanchies par l’écume. C’est un des plus grandioses spectacles de cette admirable vallée.

Au débouché de la gorge, on franchit l’Isère et l’on pénètre dans le bassin de Tignes, immense pelouse fermée par de hautes montagnes décharnées, où s’accrochent des mélèzes en bouquets sombres. Des eaux tombent de ces roches. Au fond