Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/173

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Tignes n’est pas le dernier centre habité de la vallée de l’Isère. À 190 mètres plus haut est une commune importante, Val-d’Isère ; même un de ses hameaux, le Fornet, est à 1,936 mètres. L’aspect de cette partie de la vallée est bien moins farouche. C’est une surprise que ce bassin vert lorsqu’on a suivi, depuis Tignes, le défilé profond et tragique, bordé de rochers désagrégés, où l’Isère, sans cesse accrue par des cascades tombées des parois, bondit avec des grondements terribles.


À Tignes, où nous avions quitté la voiture et loué un mulet pour traverser le col, le village était pavoisé de quelques drapeaux ; on préparait un arc de triomphe en l’honneur du général Zédé, gouverneur de Lyon ; le commandant en chef du 14e corps venait de Modane en tournée d’inspection. À Val-d’Isère semblables préparatifs. D’humbles arcs de triomphe ornés d’edelweiss et de rhododendrons sont dressés, les mêmes fleurs ornent la façade de l’hôtel Moris. Le village, très petit, a de hautes maisons aux grands auvents ; son église et sa mairie sont de proportions inattendues.

Le conseil municipal et le curé ont revêtu leurs habits de fête, les jeunes gens ont bourré jusqu’à la gueule de vieux pistolets et des fusils ; ils se