Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/185

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cheure : les Glaciers de Méan-Martin, de Véfrette, du Vallonbrun, du Vallonnet et du grand Vallon. Un orage se forme dans ces hautes régions, des nuages accourent de la Vanoise, nous les voyons se déverser comme des cascades d’ouate sur l’arête noire de la chaîne et, rapidement, descendre jusqu’aux premières terrasses de pâturages et de cultures, bientôt le ciel est complètement couvert et voici de nouveau la pluie.

Elle ne nous quittera guère maintenant ; de temps en temps, un coup de vent dissipera les nuages et nous permettra de distinguer un pan de montagnes, mais, peu après, l’averse recommencera. Par la pluie nous gravissons le grand monticule d’éboulis, ancienne moraine, semblable aux abîmes de Myans[1], sur lequel s’est bâti le hameau de la Madeleine ; entre celui-ci et la base du roc de Solliette, l’Arve s’est creusé une fissure profonde, entre des parois à pic. La rivière est ici un obstacle puissant, elle ferme presque l’entrée de la haute vallée, ce qui expliquerait le maintien d’une colonie sarrasine à Bessans, après l’expulsion des Maures par les Allobroges soulevés.

Les pentes abruptes de rochers qui s’élancent au-dessus de la zone des prairies et des bois sont

  1. Voir chapitre II, page 13.