Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/192

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côte à côte, le torrent, la route et le chemin de fer ; le bourg de Bardonnèche et les bâtiments de la gare se blottissent au débouché du tunnel.

Le tunnel, voilà le danger, pour la France comme pour l’Italie, en cas d’une ouverture brusque d’hostilités. Nous avons dû, pour y parer, organiser défensivement les abords de Modane. De son côté, le gouvernement italien a commencé par construire le fort de Bramafan sur un éperon qui s’arrête exactement en face de l’orifice de sortie et appartient à une longue croupe venant se souder à l’arête frontière. Sur toute cette croupe, les toitures des baraquements, les lacets des routes militaires se détachent sur le fond vert des prairies et des bois. Au centre de cette position, la batterie de Colomieu tourne ses canons contre le col de l’Échelle, en Briançonnais.

En face de l’éperon de Bramafan, s’élève un autre rameau, la crête des Trois-Mages, hérissée de trois rochers, qui ont reçu les noms de pointes Balthazar, Melchior et Gaspard. Cette montagne est devenue une forteresse sillonnée de routes, hérissée de baraquements et de batteries offrant cette particularité de tirer dans deux directions opposées. Les unes battent le col de la Roue, les autres croisent leurs feux sur le col de l’Échelle avec les ouvrages de Bramafan et de Colomieu.