Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/24

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des arbres vigoureux, noyers ou châtaigniers, des prés, de petites cultures, des chalets de bois brunis couverts de chaume moussu. Le paysage est si riant, les rives de l’Isère invitent si bien à la promenade que j’abandonne le train à Tours pour gagner pédestrement Moutiers.

Cette vallée étroite et profonde est le type idéal du paysage historique, comme le concevaient les peintres d’autrefois. Des rochers, des arbres, des eaux écumantes, des ruines fièrement campées. Le chemin de fer suivant tantôt une rive, tantôt l’autre, a apporté de nouveaux éléments de beauté par ses tunnels béants dans les haute rochers. Deux châteaux féodaux : la Bathie, flanquée d’une tour ronde et d’une tour carrée, Blay avec ses hautes murailles accotées de trois tourelles, forment comme les portes intérieures de la vallée. Au delà sont des ardoisières considérables, dont les produits sont d’excellente qualité, les gens du pays les disent comparables aux ardoises d’Angers. Le chemin de fer ouvert en 1894 donnera sans doute un élan à l’exploitation, en permettant le transport en Dauphiné, à Lyon et en Suisse.

La voie ferrée troue un massif rocheux surmonté par une statue de la Vierge. Les montagnes se dressent très hautes, couvertes d’une végétation