Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/45

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lacets eux-mêmes ; l’un d’eux me conduit près de la Lechère, d’où une crête permet de découvrir l’admirable bassin de verdure de Valmeinier, avec ses immenses pâturages et ses chalets sans nombre, zone riante bordée d’âpres rochers au-dessus desquels étincellent les glaciers du Thabor.

Un guide m’a conduit à travers la forêt, par d’abrupts chemins, jusqu’à la chapelle des Trois-Croix, où j’ai rejoint la roule descendant au flanc de la montagne, au-dessus du profond abîme où la Valloire se brise. De hameau en hameau, à travers un paysage pastoral, voici enfin Valloire, dont les grandes maisons à auvents sont semées en un amusant désordre entre la Valloire et le ruisseau de la Plagnette.

Le bourg est à une grands altitude, 1,888 mètres, c’est dire combien le climat est rude ; pendant six ou huit mois de l’année le pays disparaît dans la neige, le bétail rappelé des alpages est enfermé dans les étables, les habitants n’ont aucune occupation en dehors du soin de donner du fourrage sec aux animaux. Aussi les hommes quittent-ils la vallée pendant l’hivernage pour aller exercer dans les plaines et dans toute la vallée du Rhône la profession de colporteur. Ils rentrent à la fonte des neiges pour conduire le bétail dans la montagne, aux alpages, où les femmes, appelées dans