Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/145

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hommes de couleur du Mirebalais, par où il devait passer pour se rendre au Port-au-Prince, et une autre qu’il adressait à ceux de cette capitale, les priant d’aider et de faciliter le messager dans sa mission. Les uns et les autres lui répondirent, en le félicitant d’avoir contribué à obtenir, lui disaient-ils, le décret du 28 mars favorable à leur cause ; car ils le comprenaient ainsi. Ceux du Port-au-Prince ajoutèrent, cependant, que son projet d’armer les hommes de couleur était prématuré. Placés sous les yeux du gouvernement, qui venait récemment de triompher du comité de l’Ouest, que le colonel Mauduit avait dissous, de l’assemblée de Saint-Marc qui avait dû s’embarquer sur le vaisseau le Léopard, et de la confédération de Léogane : triomphe que le gouvernement avait obtenu par le concours même qu’ils lui avaient donné, en se ralliant sous ses ordres pour renverser cette faction si hostile à leur classe ; les hommes de couleur du Port-au-Prince voyaient ce gouvernement trop puissant en ce moment, pour compromettre leur position par une entreprise intempestive : éprouvant d’ailleurs quelque ménagement de sa part, ce langage prudent était de circonstance.

Mais Ogé était déjà contraint à prendre les armes, pour ne pas être arrêté. Depuis plusieurs jours, il était chez Chavanne, après avoir visité divers habitans de couleur et reçu d’autres chez lui, au Dondon. Tous ceux de cette paroisse et de la Grande-Rivière, sachant son arrivée et ses intentions, se préparaient à la lutte, quand ils interceptèrent une lettre écrite par le président de l’assemblée provinciale du Cap, au président de la municipalité de la Grande-Rivière, qui lui prescrivait d’appeler les hommes de couleur à prêter serment, afin de