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club Massiac qui envoyèrent à Londres l’un d’eux, le comte de Guiton. La Grande-Bretagne ne pouvait laisser échapper cette occasion de se venger de la perte de ses colonies de l’Amérique septentrionale, soutenues dans leur rébellion par la France surtout.

C’est cette circonstance qui fut cause du rapprochement opéré entre le gouverneur de Peinier et l’assemblée provinciale du Cap, qui voulait bien que la législature coloniale fût indépendante de l’assemblée nationale, mais pourvu que Saint-Domingue restât attaché à la France. Cette assemblée était composée en partie de gens de loi, d’officiers du gouvernement et de commerçans, tandis que dans l’assemblée de Saint-Marc dominaient les planteurs. Ceux-ci dans leurs vues d’indépendance absolue avaient encore pour motifs l’excès de leurs dettes envers le commerce national, l’espoir de s’en libérer, et le désir de secouer le joug du monopole qu’exerçait ce commerce dans la colonie.

Le comte de Peinier sentit alors la nécessité de quelques ménagemens envers la classe des hommes de couleur, dont le nombre balançait celui des blancs, et qui devait, par politique, embrasser le parti du gouvernement colonial, puisqu’en concourant à maintenir la dépendance de la colonie envers la France, elle devait espérer d’obtenir la reconnaissance de ses droits de la justice de l’assemblée nationale, tandis qu’elle n’avait rien à attendre des colons dont la haine antérieure s’était accrue dès le commencement de la révolution. On verra les hommes de couleur persévérer dans cette conduite, qui s’accordait avec les conseils qu’ils recevaient de J. Raymond, et que leur bon sens leur indiquait d’ailleurs, quels que fussent les torts du gouvernement colonial en-