Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/174

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Mais Barnave, qui s’était entièrement dévoué à la cause des colons, et qui était l’âme du comité colonial à l’assemblée nationale, rédigea ce décret du 12 octobre et fît déclarer :

« Que pour calmer les alarmes des colonies, l’assemblée nationale avait annoncé d’avance l’intention d’entendre leurs vœux sur toutes les modifications qui pourraient être proposées aux lois prohibitives du commerce, et la ferme volonté d’établir comme article constitutionnel dans leur organisation, qu’aucunes lois sur l’état des personnes ne seraient décrétées pour les colonies, que sur la demande précise et formelle de leurs assemblées coloniales. »


Quel que soit le soin que prend Garran, de défendre l’assemblée constituante, il est impossible d’admettre que la majorité de ce corps n’ait pas compris tout ce que comportait une telle déclaration de sa part. Sans doute, un grand nombre de ses membres était favorable aux hommes de couleur et aux noirs ; mais la majorité savait bien ce qu’elle faisait en rendant le décret du 12 octobre qui confirmait les pouvoirs précédemment attribués à l’assemblée coloniale de Saint-Domingue. Elle ne pouvait ignorer comment, à la faveur du décret du 8 mars, cette assemblée avait dénié aux hommes de couleur tous droits politiques ; comment elle les avait fait persécuter ; comment les assemblées provinciales et les municipalités, et le gouverneur lui-même, s’étaient tous entendus pour ne pas les admettre à exercer ces droits réclamés si justement.

Et la preuve de ce que nous faisons remarquer ici, c’est que le décret du 12 octobre disait également, qu’en