dans la rue et fut provoqué par le canonnier : il résista, et des soldats de la maréchaussée se trouvèrent à portée pour l’arrêter et le conduire à la municipalité. Là, toute la compagnie de Praloto vint bientôt demander impérieusement qu’il fût jugé prévôtalement, à l’instant même. Avertis de l’arrestation de Scapin, les chefs de l’armée envoyèrent à la municipalité demander que des informations fussent prises, et qu’il fût jugé après l’enquête, en alléguant qu’il était un homme libre ; mais la municipalité laissa emmener Scapin, que les blancs pendirent à un réverbère du voisinage de l’hôtel de ville.
Cette infâme exécution soulève l’indignation des hommes de couleur. Un blanc nommé Cadeau, de la compagnie de Praloto, ose venir sur la place d’armes les insulter. Valmé, mulâtre de l’Arcahaie, du poste établi sur cette place, l’abat d’un coup de fusil ; il n’est que blessé, et Bauvais a la générosité de le faire porter à l’hôpital militaire.
En apprenant cette juste représaille, Praloto fait battre la générale, et toute la garde nationale blanche prend les armes, étant déjà préparée au combat par Caradeux qui la commandait. Ce sinistre appel met également sous les armes les bataillons d’Artois et de Normandie, et l’artillerie royale renfermés dans les casernes, et la troupe des hommes de couleur. Des officiers de ces corps viennent auprès de Bauvais, comme médiateurs, tandis que la municipalité requiert ces troupes de se joindre à la garde nationale, et somme Bauvais de livrer à la justice celui qui avait frappé Cadeau. Elle n’avait pas voulu soumettre Scapin aux formes protectrices de la loi, elle veut exiger que Valmé lui soit remis ! C’était