Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/330

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Cependant, malgré les termes de la lettre des commissaires, empreinte d’une si criante injustice, les hommes de couleur de l’Ouest furent disposés plus que jamais à faire la paix avec le Port-au-Prince. Ils s’empressèrent de faire des propositions à ce sujet, aux blancs de cette ville qui repoussèrent, à coups de canon, Pinchinat et le blanc Chancerel qui y allaient pour les leur soumettre. Alors, ils écrivirent de nouveau aux commissaires civils et insistèrent sur la nécessité de leur présence dans l’Ouest : leur lettre du 26 janvier 1792 fut signée par Hanus de Jumécourt et Bauvais.

C’est à cette époque que Saint-Léger se rendit au Port-au-Prince, où il arriva le 29 janvier. Pendant son séjour en cette ville, s’il obtint quelque heureux résultat pour la paix, pour la cessation des hostilités, ce ne fut que du côté des confédérés qui s’empressèrent, à son invitation, de rétablir la circulation des eaux et des approvisionnemens du dehors. Les blancs de la ville continuèrent à se montrer injustes, récalcitrans à toute recommandation qu’il leur faisait en faveur du bien général.

Requis par les habitans de Léogane d’y venir pour les soustraire à l’oppression qu’exerçait dans cette paroisse le fourbe connu sous le nom de Romaine la Prophétesse, qui, à l’aide du fanatisme religieux, entraînait les ateliers d’esclaves dans toutes sortes de crimes, Saint-Léger ne put obtenir des blancs aucune force pour s’y transporter. Il fut obligé de s’adresser à Pinchinat et à Bauvais qui lui fournirent un détachement de cent hommes de couleur, commandé par Baptiste Boyer, le porte-étendard du camp de Diègue. Avec ce détachement et les secours qu’il reçut des hommes de couleur du Petit-Goave et du Grand-Goave, il parvint, non sans quelque difficulté, à traquer