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chef un jeune noir intelligent, nommé Hyacinthe, esclave du colon Ducoudray. Agissant sous l’influence des hommes modérés qui dirigeaient l’armée de couleur et de Hanus de Jumécourt, Hyacinthe ne permit aucun assassinat, aucun incendie. Cette levée de boucliers des esclaves se fît avec autant d’ordre que celle des hommes de couleur. Dans leurs rangs figuraient des chefs secondaires, tels que Garion Santo, Halaou, Bébé Coustard, trois noirs, et Bélisaire Bonnaire, mulâtre.

Les insurgés marchèrent sur la Croix-des-Bouquets d’où ils chassèrent l’armée du Port-au-Prince, après des prodiges de valeur et beaucoup de pertes. Les blancs perdirent aussi du monde et rentrèrent en désordre dans la ville.

Dès lors les hommes de couleur acquirent une prépondérance marquée dans l’Ouest. À l’instar de ce qu’ils avaient pratiqué dans la plaine du Cul-de-Sac, ils firent soulever les ateliers de l’Arcahaie et de l’Artibonite. Ils purent enfin recommencer le siége du Port-au-Prince. Ceux de l’Arcahaie avaient pour chefs Cameau, Juste Chanlatte, J.-B. Leroux et J.-B. Lapointe, tous hommes de couleur. Ce dernier était sans contredit le plus habile et le plus énergique. Nous le verrons reparaître plus tard.


Pendant son séjour à Léogane, Saint-Léger avait envoyé André Rigaud dans le Sud, porteur d’une proclamation où il invitait les blancs et les hommes de couleur de cette province à la paix, à la modération. Rigaud n’avait pas réussi dans cette mission ; il revint alors dans l’Ouest et s’établit à Bizoton avec son corps d’armée. Ces faits se passaient en avril 1792.

Dans le même temps, la commission civile, fatiguée du