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tant, après avoir construit une foule d’édifices publics, élevé des monumens dans l’intérêt général. Mais il devint odieux à la plupart des comptables et à ceux qui profitaient de leur mauvaise gestion. Sa rigidité si louable, autant que la réunion des deux conseils supérieurs en un seul, contribua à lui valoir cette haine de la part des colons, ceux du Nord surtout, qui l’obligèrent à quitter Saint-Domingue.

Les corps populaires, municipalités, assemblées provinciales et assemblées coloniales, qui s’emparèrent alors de la direction des affaires, ne tardèrent pas à occasionner un gaspillage affreux des deniers publics. En septembre 1792, après trois années d’agitations et de troubles, il avait été déjà tiré, sur la métropole, des traites pour la valeur de 60 millions de livres.

On conçoit facilement que les événemens si graves qui s’accomplirent durant la période révolutionnaire, étaient peu propres à inspirer de l’intégrité aux administrateurs financiers de la colonie. La plupart d’entre eux s’en esquivèrent sans rendre aucun compte.


Ces données économiques nous suggèrent diverses observations.

D’abord, une chose qui frappe au premier coup-d’œil, c’est la disproportion qui existait dans la classe blanche, entre les hommes et les femmes, de même que parmi les esclaves, tandis que les deux sexes étaient presqu’en nombre égal dans la classe des affranchis : de là l’accroissement rapide de cette dernière classe, puisque les blancs étaient obligés d’y prendre des compagnes ou des femmes noires esclaves dont les enfans, nés de cette habitude, augmentaient la classe intermédiaire. Et si le régime