Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/116

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accueilli comme un fils et employé au lycée par M. Granville qui le logeait dans cet établissement, épousât sa querelle avec son éminent adversaire ; et indépendamment de l’instruction de Fruneau qui le mettait en mesure de contester les opinions de ce journal, — ce qu’il faisait par des articles, sur la Feuille du Commerce, — ses publications devaient se ressentir de cet état de choses, fort regrettable, tandis que les articles de D. Inginac, sur le Phare reflétaient aussi la disposition de son esprit, par rapport à lui-même et à son père. D’ailleurs, toute polémique en Haïti aboutit toujours à des personnalités plus ou moins offensantes, : il y en eut entre les deux jeunes écrivains, et cela pouvait conduire à une catastrophe,

Pendant que ces discussions avaient lieu, une ordonnance de police fut publiée à la capitale par l’autorité compètente, et pour prescrire aux commerçans étrangers de se renfermer dans les limites de leurs patentes ; c’est-à-dire, pour ne pas empiéter sur le privilège accordé par la loi aux nationaux dans, la vente en gros et en détail. Les agents du gouvernement veillaient donc à la protection due aux Haïtiens dans leur industrie. Et une proclamation du Président, du 5 mars, prorogea la session législative au 10 août suivant, parce qu’il se proposait de faire une tournée dans le département du Sud. Voici à quelle occasion :

Dès le mois de janvier, l’avocat Giraudié, du barreau des Cayes, était arrivé au Port-au-Prince, Il venait de subir un emprisonnement par ordre du général Marion, commandant de l’arrondissement, pour l’avoir outragé dans l’exercice de ses fonctions. Mais sous prétexte de former plainte au Président, contre ce qu’il appelait un acte arbitraire, il sollicita de lui une audience privée « afin, disait-il, de lui révéler des choses très-importantes pour la