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fut chargé de les apporter à M. Molien, consul général, qui reçut la mission de les faire accepter et ratifier : il partit de Brest sur la frégate la Junon, et M. Saint-Macary y prit passage. Ils arrivèrent au Port-au-Prince à la fin de mai.

Boyer ne pouvait hésiter à refuser sa ratification aux traités que lui remit son agent : trop de motifs s’opposaient à cette sanction. Il réunit cependant autour de lui les sénateurs présens à la capitale et les grands fonctionnaires de l’État, et tous furent unanimes à lui conseiller de persister dans son refus. Cette détermination fut communiquée à M. Molien, avec promesse d’adresser au ministère français une dépêche qui exposerait les motifs du gouvernement haïtien.

Le consul général avait déjà vu où tendait l’article officiel du 30 avril, dans le Télégraphe, et des explications verbales avaient eu lieu entre lui et le secrétaire général Inginac à ce sujet ; il en était résulté de l’aigreur entre eux[1]. Il ne pouvait accueillir le refus de ratification de la part du Président, puisqu’il avait mission, au contraire, de l’obtenir.

Il demanda et obtint de Boyer une audience privée, afin de conférer avec lui et de le persuader à cet égard. Comme le Président, M. Molien avait toutes les formes et la politesse nécessaires en pareil cas ; mais, dans la discussion qui s’ensuivit entre eux, ils finirent tous deux par s’animer, chacun à son point de vue. Boyer ne céda point à ses représentations, même fondées sur la puissance de la France et sur le peu d’égards qu’il semblait montrer pour le nou-

  1. Avant cela même et à propos de l’affaire Fruneau, des malveillans avaient imputés M. Molien d’avoir exprimé des sentimens hostiles au général Inginac. C’était une perfidie des opposans qui voulaient les diviser.