Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/147

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Le mot définitifs employé dans ces deux notes pour qualifier les traités du 2 avril, expliquait suffisamment la conduite du consul général en cette circonstance, car c’était dire quelles étaient les instructions qu’il avait reçues de son gouvernement ; et en affirmant que « quels que fussent les motifs du gouvernement haïtien pour refuser sa ratification à ces traités, ils ne seraient pas accueillis, » M. Molien faisait lire en quelque sorte ces instructions.

Après les différens projets débattus et même signés avec le gouvernement de Charles X, celui de la nouvelle dynastie considérait les traités du 2 avril comme le nec plus ultra des concessions qu’il fallait faire aux demandes réitérées de la République, qui se montrait si difficile. Il ne prévoyait pas, peut-être, qu’il arriverait un moment où, mieux convaincu de la justice des réclamations d’Haïti, il serait parfaitement équitable envers elle, en agissant comme il convenait à la grandeur de la France de le faire.

Quant au consul général personnellement, nous avons déjà fait remarquer qu’en avril 1829, il avait été, non-seulement équitable, mais bienveillant envers notre pays, en souscrivant le projet de convention financière de cette époque. Son refus de laisser prendre par M. Pichon fils les dépêches du gouvernement, n’était que la conséquence de la déclaration qu’il fit, « que les relations de bonne amitié cessaient entre la France et Haïti ; » et en cela encore il se conformait à ses instructions.

Mais ce qui paraît avoir été de sa part un moyen d’intimidation, pour porter Boyer à réfléchir sur l’issue que pouvait avoir la cessation des relations diplomatiques avec la France, ce fut la tentative qu’il fit auprès des Français établis au Port-au-Prince, et qui est prouvée par la fin de