Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/202

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unique dans une commune, vu la rareté des sujets capables d’une telle fonction, ne devait pas s’en absenter, afin d’être toujours à la disposition du public pour la rédaction des actes de son ministère ; que cette nécessité était encore plus grande pour « l’officier de l’état civil, » etc. Il fit remarquer que c’était une erreur de croire que la circulaire du grand juge tendait à écarter les divers officiers ministériels de la représentation nationale, qu’ils restaient toujours éligibles : « S’il en est quelques-uns qui préfèrent la richesse privée à l’honneur national, leur choix dépend de leur volonté ; on ne les en estimera ni plus ni moins… On n’est pas appelé à la législature pour grossir sa fortune, mais pour se dévouer à l’utilité publique. Je n’ignore pas, ajouta Milscent, que je m’inscris contre mes proprès intérêts ; mais j’avais déjà pris mon parti ; j’en fais le sacrifice sans me plaindre… » Et il fut d’avis de ne pas appeler le grand juge qui, d’ailleurs, était valétudinaire.

Après ces discours, David Saint-Preux en improvisa un pour soutenir la proposition de H. Dumesle, et la Chambre renvoya à en décider à sa prochaine séance. Ensuite, elle prit lecture d’une lettre qui lui fut adressée par M. Courtois, détenu dans la prison, réclamant de la Chambre une déclaration tendante à constater « qu’elle n’avait jamais dirigé aucune plainte contre lui. » Milscent prit encore la parole et fit observer que, bien que la Chambre n’en eût point formé, elle ne pouvait s’immiscer dans les causes judiciaires ; que la loi avait établi un ministère public pour la poursuite d’office des délits ; que M. Courtois avait subi un jugement qui avait acquis l’autorité de la chose jugée ; qu’il plaignait son sort, mais que le condamné n’avait qu’à recourir à la clémence du chef de l’Etat. H. Dumesle et D. Saint-Preux sou-