Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 10.djvu/213

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ne saurait vous en être faite de l’extérieur[1]… Législateurs incorruptibles, la question se réduit à savoir si vous céderez la victoire à une minorité qui ne peut rien sans vous, ou si vous rendrez ses efforts nuls. »

« La question mise aux voix, la Chambre décide que les citoyens Hérard Dumesle, de la commune des Cayes, et David Saint-Preux, de celle d’Aquin, cessent d’être membres de la Chambre des représentans des communes d’Haïti, et que leurs suppléans seront appelés à les remplacer à la session prochaine[2]. »

Le. 14 août, la Chambre se résolut à faire une adresse au peuple : elle en prit lecture, car cet acte avait été préparé. Elle adressa aussi un message au Sénat et un autre au Président d’Haïti, pour les informer de l’expulsion des deux représentans, « qui, dès le commencement de cette législature, n’ont cessé de fomenter la discorde, de provoquer des dissensions civiles et d’entraver notre marche législative. Il nous en a beaucoup coûté de sévir contre des représentans de la nation ; mais rien ne peut balancer l’intérêt public. »

L’adresse au peuple commençait par ces mots : « Le salut du peuple est la loi suprême. » Elle disait ensuite :

« Vos mandataires fidèles vous annoncent avec douleur un acte de sévérité, mais indispensable à la tranquillité, a l’union et à la force qui sont nécessaires à la prospérité de la patrie. Nos soins, dès le commencement de cette législature, tendaient à établir entre les pouvoirs constitués une harmonie qui devait les faire concourir avec la même intelligence au bonheur de la commune famille ; mais deux

  1. Que devenait donc la constitution, art. 94, qui voulait que représentans, sénateurs, etc., fussent jugés par la haute cour de justice ?
  2. Pendant la preseute session, le citoyen Malval, second représentant des Cayes, avait envoyé sa démission. — Bulletin des Lois, n° 5.